Etape 18 - Mausolée Notre-Dame de Bruges - Les gisants
Lundi 4 février 2019. Les mausolées de Marie de Bourgogne et de son père, Charles le Téméraire*** sont d'une beauté vraiment touchantes, surtout celui de Marie, gracile, avec ses longues mains ciselées placées dans la position de la prière.

A ses pieds, on peut admirer deux magnifiques petits chiens dont un qui semble garder encore sa maîtresse. A cette époque, posséder des chiens étaient l'apanage de la noblesse, et symbole de richesse.

Le tombeau de Charles le Téméraire et celui de sa fille Marie de Bourgogne*** sont deux monuments en airain doré et en pierre de touche. "La pierre de touche ressemble au plus beau marbre noir, avec quelque chose de plus souple à l’œil et de plus harmonieux", écrivait ainsi Victor-Hugo pour décrire les deux tombeaux.

La tombe de Charles le Téméraire***, placée placée là à côté de celle de sa fille, quelque 70 ans plus tard, dénote dans ses détails de l'apport de la Renaissance. Symbole de ses armes, le lion de Bourgogne trône en bonne place sur la tombe qu'on croirait en or.

A ses côtés encore, son casque avec lequel il fut tué au siège de Nancy, en 1477.

Le 5 janvier 1477, Charles le Téméraire était battu par les Confédérés dont les troupes étaient bien plus nombreuses que les siennes. Il tenta de s’enfuir mais, tombé de cheval quelques centaines de mètres plus loin, il fut tué incognito. L’eut-on reconnu qu’on l’eut épargné car il eut été un otage dont la rançon aurait été colossale...

Ce ne fut que le surlendemain que le corps nu (les détrousseurs de cadavres étaient passés par là) et à moitié dévoré par les loups, fut retrouvé sur les bords de l’étang glacé de Saint-Jean. Il avait reçu un coup de hallebarde à la tête qui l’avait entaillé "par-dessus l’oreille jusqu’aux dents", un coup de pique dans les cuisses et un autre dans la région lombaire

A l’encontre de tous les usages et au lieu d’accéder aux demandes des proches de leur restituer le corps du défunt, le duc René II de Lorraine, le vainqueur de la bataille de Nancy, garda le corps comme un trophée de guerre, le fit embaumer et organisa des funérailles solennelles à la cathédrale Saint-Georges pour marquer sa victoire.

C’est près de 80 ans après la bataille de Nancy, en 1550, que Charles-Quint, arrière-petit fils du Téméraire, demanda la restitution de ses restes. Et comme alors, la co-régente du duché de Lorraine, Christine de Danemark, était sa propre nièce, il reçut satisfaction même si Christine demanda qu’il n’y eût pas de pompe vengeresse pour célébrer ce retour. Mais quand on ouvrit les tombes, on découvrit des ossements pêle-mêle en très mauvais état et quasi impossibles à identifier.

Certains pensent que le squelette transféré à Bruges fut celui de Jean de Rubempré, seigneur de Bièvres et compagnon d’armes du Téméraire. La bière avec les restes présumés du Duc, arrivèrent le 24 septembre 1550 à Luxembourg dans la chapelle des Cordeliers où ils restèrent près de 3 ans. Ce n’est qu’alors que le corps arriva à Bruges où la décision fut prise de l’enterrer à côté du tombeau de sa fille, Marie de Bourgogne, à l’église Notre-Dame pour laquelle Marie avait une dévotion particulière.

Le tombeau de Marie de Bourgogne*** avait été achevé en 1502 déjà, mais on décida de faire de celui de Charles le Téméraire***, son jumeau. en le commandant au jeune sculpteur anversois Jacques Jonghelinck (1530-1606). Réalisé 80 ans après la mort du Téméraire, le visage sculpté du gisant fut inspiré, dit-on, par le célèbre portrait par van der Weyden : visage rondelet, bouche lippue, menton saillant, épaisse chevelure noire.

La dorure au feu sur bronze qui est le joyau de ces tombes, se fixait par le mercure qui en s’évaporant pénètre dans la peau ou par les voies respiratoires, provoquant des stomatites avec déchaussements et pertes des dents, des troubles digestifs, des anémies et des accidents nerveux pouvant entraîner la paralysie ou la mort. Le "doreur" de la tombe de Marie de Bourgogne fut paralysé comme plusieurs de ses ouvriers...



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